J'inspire, je demeure dans le moment présent
J'expire, je sais que c'est un moment merveilleux

lundi 26 janvier 2015

Des clés pour faire face au terrorisme



La racine du terrorisme doit être identifiée de telle sorte qu’elle puisse être éradiquée.

La racine du terrorisme est l’incompréhension, la haine et la violence.
Cette racine ne peut être localisée par des moyens militaires.
Les bombes et missiles ne peuvent l’atteindre et encore moins la détruire.

Seule la pratique du calme et du regard profond peut nous la révéler et l’identifier. Seule la pratique de l’écoute profonde et de la compassion peut la transformer. L’obscurité ne peut pas dissiper l’obscurité. Elle ne fera que la rendre plus dense.

Seule la lumière est capable de dissiper les ténèbres.

La violence et la haine ne seront pas dissipées par la violence et la haine. Elles ne feront que multiplier la violence et la haine par mille. Seules la compréhension et la compassion sont capables de dissiper la violence et la haine.
« Attaque contre la terreur » est une expression qui engendre la confusion. Ce que nous cherchons à frapper n’est pas la cause réelle, ce n’est pas la source de la terreur. L’objet de notre attaque est encore des vies humaines. Nous semons les graines de la violence au fur et à mesure que nous frappons. Ces attaques n’engendreront que plus de haine et de violence dans le monde. C’est tout le contraire de ce que nous désirons. La haine et la violence sont dans le cœur humain.

Un terroriste est un être humain avec de la haine, de la violence
et de l’ignorance dans son cœur.

Agir sans compréhension, agir avec de la haine, de la violence et de la peur contribuera à semer plus de terreur, à apporter plus de terreur dans les foyers des autres et dans nos propres maisons.
Des sociétés entières vivent constamment dans la crainte, soumettant nos nerfs à de rudes attaques, jour et nuit. Ce sont les maux qu’il nous faudra subir en conséquence d’une pensée et d’une action erronées. Un tel état de confusion, de peur et d’angoisse est extrêmement dangereux. Il peut provoquer une autre guerre mondiale qui serait extrêmement destructive.

Il nous faut apprendre à nous exprimer de telle manière que la voix du Bouddha puisse être entendue dans ce moment crucial de notre histoire. Que ceux d’entre nous qui possède la lumière en fasse usage et l’offre de telle sorte que le monde ne sombre pas dans l’obscurité.

Chacun possède la semence de l’Eveil dans son cœur.

Aidons-nous mutuellement à mettre à jour ces semences pour que chacun ait le courage de s’exprimer. Nous devons nous assurer que la manière dont nous vivons notre vie quotidienne (avec ou sans une consommation réfléchie, avec ou sans discrimination, avec ou sans participation aux injustices …) ne crée pas plus de terrorisme dans le monde.

Nous avons besoin d’un éveil collectif
pour stopper cette course folle à l’auto-destruction.

Thich Nhat Hanh,
le 19 October 2001
(extrait d'un discours offert par notre maitre après la destruction des tours jumelles à New York - USA)


S’il te plait, appelle-moi de mes vrais noms

Ne dis pas que je partirai demain –
Même aujourd’hui j’arrive encore.

Regarde profondément : j’arrive à chaque seconde
Pour être un bourgeon sur une branche printanière,
Pour être un petit oiseau, aux ailes encore fragiles,
Qui apprend à chanter dans son nouveau nid,
Pour être une chenille au cœur d’une fleur,
Pour être un joyau qui se cache dans une pierre.

J’arrive encore, pour rire et pour pleurer,
Pour craindre et pour espérer.
Le rythme de mon cœur et la naissance et la mort
De tout ce qui vit.

Je suis un éphémère qui se métamorphose
A la surface d’un fleuve.
Et je suis l’oiseau
Qui descend en piqué pour avaler l’éphémère.

Je suis une grenouille qui nage avec bonheur
Dans les eaux claires d’une mare,
Et je suis la couleuvre
Qui se nourrit en silence de la grenouille.

Je suis l’enfant en Ouganda, la peau sur les os,
Mes jambes fines comme des bambous.
Et je suis le marchand d’armes,
Qui vend des engins de mort à l’Ouganda.

Je suis la fillette de douze ans,
Réfugiée sur un petit bateau
Qui se jette à la mer
Après avoir été violée par un pirate.
Et je suis le pirate,
Mon coeur encore incapable
De voir et d’aimer.

Je suis un membre du Politburo,
Du pouvoir plein les mains.
Et je suis l’homme qui doit payer
Sa « dette de sang » à mon peuple
En mourant lentement dans un camp de travaux forcés.

Ma joie est comme le printemps, si chaude
Qu’elle fait s’éclore les fleurs tout autour de la Terre.
Ma douleur est comme un fleuve de larmes
Si abondant qu’il remplit les  quatre océans.

S’il te plait appelle-moi de mes vrais noms
Ainsi je pourrai entendre d’un coup mes pleurs et mes rires,
Je pourrai voir que ma douleur et ma joie sont une.

S’il te plait appelle-moi de mes vrais noms,
Pour que je m’éveille
Et que la porte de mon cœur
Reste ouverte,

La porte de la compassion.
-Thich Nhat Hanh

Ce poème fut écrit en 1978, pendant la période où nous aidions les « boat people ».